Thérapie Thermique Interstitielle au Laser pour le Traitement de Première Ligne du Gliome Insulaire: Un Nouveau Cadre de Traitement

L’application de la thérapie thermique interstitielle par laser dans les gliomes insulaires

Contexte de recherche et énoncé du problème

La gestion des gliomes insulaires a toujours représenté un défi chirurgical important. En raison de l’anatomie complexe des vaisseaux sanguins et des fonctions autour de l’insula, une résection maximale constitue un défi technique de haut niveau. L’exérèse des gliomes insulaires de bas et de haut grade par voie transcallosale ou transcorticale peut améliorer la survie globale (OS), la survie sans progression (PFS), la survie sans progression maligne et le contrôle des crises d’épilepsie. Cependant, malgré les progrès de la microchirurgie, de la localisation peropératoire et d’autres outils d’assistance (comme l’IRM peropératoire ou l’acide 5-aminolévulinique), la résection des tumeurs insulaires reste associée à un taux de morbidité significatif et un faible taux de réussite d’exérèse complète.

La thérapie thermique interstitielle par laser (LITT) est une option de traitement ablatif des tumeurs nouvelle, précise et minimalement invasive pour les patients atteints de gliomes insulaires. La LITT permet non seulement de traiter efficacement les gliomes de bas et de haut grade, mais également de promouvoir un traitement maximal sûr des gliomes insulaires en ciblant sélectivement le tissu tumoral tout en préservant les faisceaux vasculaires et fonctionnels critiques environnants. Cependant, à ce jour, l’application de la LITT pour les gliomes insulaires n’a été que rapportée dans des cas isolés. Cette étude vise à partager notre expérience de la LITT dans le traitement des gliomes insulaires et à proposer un modèle de gestion intégrant la LITT dans le cadre global de la chirurgie des gliomes insulaires.

Source de l’article

Cet article a été rédigé par Hassan A. Fadel, Jacob A. Pawloski, Anthony J. Anzalone, Sameah Haider, Lonni R. Schultz, Steven N. Kalkanis, Adam M. Robin et Ian Y. Lee, chercheurs affiliés aux départements de neurochirurgie et de sciences de la santé publique du Henry Ford Hospital et au département de neurochirurgie de l’Université de Miami. L’article a été publié en ligne le 24 mai 2024 dans le Journal of Neurosurgery, avec un DOI de 10.31712024.2.JNS232807.

Méthodologie de recherche

L’équipe de recherche a utilisé une base de données prospective d’un seul établissement pour identifier les patients diagnostiqués avec des gliomes insulaires et traités par LITT entre 2015 et 2023. L’étude détaille non seulement le cadre proposé pour la prise en charge des gliomes insulaires, mais met également en évidence les indications, les principes et les aspects techniques du traitement à travers des exemples de cas.

Ils ont classé les tumeurs en deux catégories en fonction de leur taille et de leur étendue : les tumeurs confinées à l’insula et les tumeurs insulaires avec extension temporale. Pour les premières, un traitement LITT unique ou fractionné a été appliqué, tandis que pour les secondes, une résection chirurgicale conventionnelle des tumeurs intracrâniennes a été combinée.

L’étude portait sur 22 patients nouvellement diagnostiqués avec des gliomes insulaires parmi 261 patients, impliquant 33 procédures LITT. Les patients ont été divisés en deux groupes, insula-only et insula+ (extension extra-insulaire), et les caractéristiques cliniques, pathologiques, les résultats du traitement et la sécurité ont été analysés en détail pour chaque cas.

Résultats et découvertes

Résultats pour les tumeurs confinées à l’insula

Parmi les 22 patients, 12 avaient des tumeurs confinées à l’insula et ont été traités par LITT. Le volume tumoral médian était de 13,4 cm³ (IQR 10,6, 26,3 cm³) et l’étendue médiane du traitement était de 100 % (IQR 92,1 %, 100 %). Ces patients ont pu sortir de l’hôpital dès le lendemain, illustrant les besoins d’hospitalisation réduits de la LITT.

Résultats pour les tumeurs avec extension extra-insulaire

En revanche, les 10 patients avec extension extra-insulaire avaient des volumes tumoraux plus importants (volume médian de 81,2 cm³, IQR 51,9, 97 cm³) et une étendue médiane du traitement de 96,6 % (IQR 93,7 %, 100 %). Ces patients ont eu des séjours hospitaliers nettement plus longs, avec 50 % d’entre eux hospitalisés pendant plus de 3 jours.

Lors du suivi après le traitement, deux cas de progression tumorale ont été observés : un gliome astrocytaire de grade OMS IV et un gliome diffus non classé. De plus, les patients atteints de tumeurs de haut grade comme celles de grade IV ont présenté le taux le plus élevé de déficits neurologiques permanents (43 %) et une baisse significative du score de performance de Karnofsky en postopératoire (p = 0,046).

Conclusions et implications

L’étude démontre que l’utilisation de la LITT comme partie intégrante du traitement des gliomes insulaires est réalisable et peut potentiellement réduire le volume tumoral tout en diminuant les risques associés à la chirurgie conventionnelle. Elle suggère également que la LITT pourrait présenter des avantages potentiels pour éviter les risques chirurgicaux conventionnels liés à l’anatomie vasculaire et fonctionnelle complexe de l’insula. De plus, la gestion des tumeurs de haut grade étant plus complexe, elle souligne la nécessité d’une approche thérapeutique personnalisée combinant la LITT et la chirurgie dans un cadre global.

Points forts de l’étude

  1. Nouveauté et précision : La LITT, en tant que modalité thérapeutique relativement nouvelle et précise, permet une réduction efficace du volume tumoral tout en préservant les structures fonctionnelles environnantes.
  2. Flexibilité du traitement fractionné : Pour les tumeurs de grand volume, la stratégie de traitement LITT fractionné proposée par l’étude illustre sa capacité à s’adapter à des situations cliniques complexes.
  3. Besoins d’hospitalisation réduits : Les patients traités par LITT ont des séjours hospitaliers plus courts, démontrant les avantages d’un traitement peu invasif et d’une récupération rapide.

Limites de l’étude

La taille de l’échantillon est relativement petite et les données de survie à long terme sont manquantes. Bien que des suivis allant jusqu’à 1261 jours soient disponibles, une analyse significative de la survie n’est pas possible pour près de 40 % des patients atteints de tumeurs de bas grade. Des études à plus grande échelle avec un suivi à long terme seront nécessaires pour évaluer les effets à long terme de la LITT dans le traitement des gliomes insulaires.

Cette étude fournit une expérience précieuse pour explorer l’application future de la LITT dans le traitement des gliomes insulaires, ouvrant la voie à d’autres recherches cliniques qui pourraient apporter un nouvel espoir de traitement aux patients atteints de gliomes insulaires.