Résultats de la thrombectomie mécanique pour les accidents vasculaires cérébraux ischémiques aigus chez les patients cancéreux: expérience d'un centre unique et méta-analyse

Rapport de recherche : Résultats du traitement par thrombectomie mécanique chez les patients atteints d’un accident vasculaire cérébral ischémique aigu avec cancer

Introduction

L’accident vasculaire cérébral ischémique aigu (AIS) causé par une occlusion d’un gros vaisseau cérébral (LVO) est une lésion neurologique grave, et la situation est encore plus complexe chez les patients atteints de cancer. Les mécanismes des AVC liés au cancer comprennent un état d’hypercoagulabilité, des troubles de la coagulation induits par des facteurs cellulaires ou des microparticules sécrétées par les tumeurs, ainsi que l’utilisation de thérapies adjuvantes pour le cancer. Cependant, les patients atteints de cancer sont souvent exclus des principaux essais cliniques. Par conséquent, il existe une controverse sur la question de savoir si la thrombectomie mécanique (MT) devrait être proposée à ces patients, étant donné leur espérance de vie plus courte et leur état général plus fragile. Face à ce dilemme clinique, Mohamed N. Elmarawany et d’autres experts médicaux ont mené une étude explorant l’innocuité et l’efficacité de la MT chez les patients atteints d’AIS avec cancer.

Source de la recherche

Cette étude a été menée par Mohamed N. Elmarawany, Islam El Malky, Sebastian Winklhofer, Mira Katan, Souvik Kar et Gerasimos Baltsavias, entre autres, affiliés au Département de neuroradiologie de l’Université de Zurich, à la Faculté de médecine de l’Université de South Valley en Égypte, à l’Institut international des neurosciences de Hanovre en Allemagne, etc. L’article a été publié dans le numéro 14 de 2024 de la revue Neurology: Clinical Practice, DOI : 10.1212/cpj.0000000000200320.

Méthodologie de la recherche

Cette étude a utilisé une approche rétrospective de cohorte et une méta-analyse.

Population de l’étude

L’étude a inclus des patients ayant subi une MT pour un AIS dû à un LVO entre décembre 2010 et mars 2017. Les patients ont été répartis en trois groupes selon leurs antécédents de cancer : un groupe témoin sans cancer (contrôle), un groupe avec un cancer malin actif (AM) et un groupe avec des antécédents de cancer mais sans cancer malin actif (HOM). Les patients ayant des antécédents de tumeur maligne intracrânienne ont été exclus.

Procédures spécifiques

  1. Critères d’inclusion

    • Absence d’hémorragie à la tomodensitométrie (TDM) ;
    • Score ASPECTS (Alberta Stroke Program Early CT Score) ≥ 6 ;
    • LVO confirmé par angio-TDM ;
    • Score NIHSS (National Institutes of Health Stroke Scale) > 3 ;
    • Tissu cérébral viable identifié par TDM de perfusion ou IRM.
  2. Processus thérapeutique

    • Service de MT 247 dans un seul centre ;
    • Thrombectomie par cathétérisme artériel, avec aspiration (ASP) ou thrombectomie à stent (SRT).
  3. Collecte et analyse des données

    • Recueil des données démographiques, des comorbidités, du site d’occlusion, de la thrombolyse IV, des temps de procédure et des scores fonctionnels (à l’admission et à 3 mois) ;
    • Analyse des images par des neuroradiologues indépendants, avec succès défini comme un score TICI 2b ou 3 après MT ;
    • Analyses statistiques effectuées avec SPSS v.26, avec un seuil de signification de 0,05.

Méta-analyse

Conformément aux directives PRISMA, une recherche bibliographique a été effectuée dans les bases de données Embase et PubMed pour identifier 12 études pertinentes sur les résultats de la MT chez les patients atteints de cancer. La méta-analyse s’est concentrée sur les résultats suivants :

  • Résultats à court terme : recanalisation réussie (TICI ≥ 2b), mortalité à l’hôpital et hémorragie intracérébrale symptomatique (SICH).
  • Résultats à long terme : indépendance fonctionnelle (mRS à 3 mois = 0-2), mortalité à 90 jours.

Résultats de la recherche

Analyse quantitative

Données de base

Des différences significatives ont été observées entre les trois groupes concernant : - Antécédents médicaux (AVC ou AIT : contrôle 7,8 % vs AM 10,5 % vs HOM 38,5 %, p = 0,006) ; - Consommation d’alcool (0,9 % vs 10,5 % vs 0,0 %, p = 0,04) ; - Tendance à la formation de caillots (1,7 % vs 15,8 % vs 7,7 %, p = 0,009).

Résultats cliniques et d’imagerie

  • Une proportion significativement plus élevée de techniques d’aspiration primaire et de thrombectomie à stent de sauvetage a été utilisée dans le groupe AM ;
  • Taux de recanalisation réussie (AM 84,2 % ; HOM 69,2 % ; contrôle 76,5 %, p = 0,623).

Résultats de la méta-analyse

Résultats à court terme

  • Aucune différence significative dans les taux de succès technique et d’SICH entre les groupes AM et témoins ;
  • Taux de mortalité à l’hôpital significativement plus élevé dans le groupe AM.

Résultats à long terme

  • Taux d’indépendance fonctionnelle à 3 mois significativement plus bas et taux de mortalité à 90 jours significativement plus élevé dans le groupe AM.

Conclusions et implications

L’étude montre que la thrombectomie mécanique est techniquement faisable chez les patients atteints de cancer, mais que ces patients ont un moins bon pronostic clinique. Malgré des taux de succès technique et d’SICH similaires à court terme, le groupe AM a eu des taux de mortalité plus élevés à l’hôpital et à 90 jours. Cela suggère que la MT a des limites chez les patients atteints de cancer et que le choix du traitement doit être prudent.

Points forts de l’étude

  • Taux de succès technique similaires entre les groupes AM et témoins ;
  • Les taux plus élevés d’SICH et de mortalité chez les patients atteints de cancer soulignent la complexité de la MT dans cette population et la nécessité d’études supplémentaires.

Limites de l’étude

  • Petite taille d’échantillon ;
  • Analyse rétrospective des données, avec un possible biais de sélection ;
  • Manque de données détaillées sur les types de cancer et les analyses génétiques.

Résumé

Bien que la MT offre une certaine option de traitement pour les AIS liés au cancer, le moins bon pronostic clinique de ces patients souligne la nécessité de recherches supplémentaires afin d’optimiser les stratégies thérapeutiques et d’améliorer la survie à long terme et la qualité de vie de cette population.