Synthèse, caractérisation physico-chimique et évaluation antimicrobienne des revêtements d'uréasil-polyéther avec des nanoparticules d'argent pour les dispositifs hospitaliers

Contexte de la recherche

Les infections nosocomiales sont un problème grave et courant dans les environnements médicaux, en particulier sur les dispositifs médicaux réutilisables, où la contamination croisée et la formation de biofilms en sont les principales causes. Pour relever ce défi, les chercheurs ont commencé à explorer l’utilisation de revêtements contenant des nanoparticules métalliques pour empêcher l’adhésion et la croissance des microorganismes. Les nanoparticules d’argent (AgNP) ont attiré l’attention en raison de leurs puissantes propriétés antibactériennes et antifongiques. Cependant, l’intégration efficace des nanoparticules d’argent dans les revêtements des dispositifs médicaux, tout en maintenant la stabilité physico-chimique et l’efficacité antimicrobienne des matériaux, reste un problème à résoudre.

Cette étude vise à développer un revêtement à base de nanoparticules d’argent et de polyéther-uréasile (U-PEO) pour la protection antimicrobienne des dispositifs hospitaliers. En synthétisant et en caractérisant les nanoparticules d’argent, puis en les combinant avec le matériau U-PEO, les chercheurs ont évalué le potentiel antimicrobien de ce composite, en particulier son effet inhibiteur sur les agents pathogènes courants des infections nosocomiales (comme Staphylococcus aureus, Escherichia coli et Candida albicans).

Source de l’article

Cet article a été rédigé par plusieurs chercheurs brésiliens, dont les principaux auteurs sont Adenia Mirela Alves Nunes, José de Oliveira Alves Júnior et Mariana Rillo Sato. L’équipe de recherche est issue de l’Université d’État de Paraíba (State University of Paraíba) et de l’Université fédérale de Paraíba (Federal University of Paraiba) au Brésil. L’article a été accepté le 31 mars 2025 et publié dans la revue Bionanoscience, avec le DOI 10.1007/s12668-025-01920-8.

Processus de recherche

1. Synthèse et caractérisation des nanoparticules d’argent

Les chercheurs ont d’abord synthétisé des nanoparticules d’argent par réduction chimique. Les étapes spécifiques incluent la réaction du nitrate d’argent (AgNO₃) avec le citrate de sodium (sodium citrate) dans des conditions alcalines pour former une dispersion colloïdale de nanoparticules d’argent. La formation des nanoparticules d’argent a été confirmée par spectroscopie UV-Vis, avec un pic d’absorption caractéristique à 418 nm. De plus, les chercheurs ont déterminé la taille moyenne des nanoparticules d’argent à 70,4 nm et 101,06 nm respectivement, en utilisant l’analyse de suivi de nanoparticules (nanoparticle tracking analysis, NTA) et la diffusion dynamique de la lumière (dynamic light scattering, DLS).

Pour évaluer la stabilité des nanoparticules d’argent, des tests de photostabilité et de cycles de gel-dégel ont été réalisés. Les résultats ont montré que les nanoparticules d’argent restaient stables pendant 9 jours, mais une agrégation significative a été observée au 10e jour, indiquant une stabilité limitée.

2. Évaluation de l’activité antimicrobienne des nanoparticules d’argent

Les chercheurs ont évalué l’effet antimicrobien des nanoparticules d’argent sur Staphylococcus aureus, Escherichia coli et Candida albicans en utilisant des tests de concentration minimale inhibitrice (CMI). Les résultats ont montré que les nanoparticules d’argent avaient un effet bactéricide sur Escherichia coli et Candida albicans, avec des CMI respectives de ≥6,80×10⁷ particules/ml et ≥2,72×10⁸ particules/ml. Cependant, elles n’ont montré qu’un effet bactériostatique sur Staphylococcus aureus, sans élimination complète des bactéries.

3. Synthèse et caractérisation du matériau hybride U-PEO

Ensuite, les chercheurs ont synthétisé le matériau hybride U-PEO par la méthode sol-gel, en incorporant des nanoparticules d’argent à différents ratios (1:0,3 à 1:6,67). Par spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier (FTIR) et diffraction des rayons X (XRD), les chercheurs ont confirmé la structure amorphe du matériau U-PEO et ont constaté que l’ajout de nanoparticules d’argent n’avait pas significativement modifié les propriétés physico-chimiques du matériau.

L’analyse thermogravimétrique (TG) a montré que le matériau U-PEO présentait une bonne stabilité thermique jusqu’à 300°C, et l’ajout de nanoparticules d’argent a encore amélioré cette stabilité. De plus, les tests d’angle de contact ont montré que le matériau U-PEO était hydrophile, et l’ajout de nanoparticules d’argent a légèrement réduit l’angle de contact sans en altérer significativement la mouillabilité.

4. Évaluation de l’activité antimicrobienne du composite

Les chercheurs ont évalué l’activité antimicrobienne du composite U-PEO:AgNP par des tests de diffusion sur gélose (agar diffusion assay) et d’inoculation directe (direct inoculation assay). Les résultats ont montré que le composite U-PEO:AgNP présentait un effet antimicrobien significatif sur Staphylococcus aureus, avec un diamètre d’inhibition de 20 mm. Cependant, l’effet antimicrobien sur Escherichia coli et Candida albicans était plus faible, suggérant que la concentration de nanoparticules d’argent pourrait être insuffisante pour inhiber efficacement ces microorganismes.

Conclusion de l’étude

Cette étude a réussi à synthétiser des nanoparticules d’argent et un matériau hybride U-PEO présentant un potentiel antimicrobien, et a effectué une caractérisation physico-chimique complète ainsi qu’une évaluation antimicrobienne. Les résultats montrent que le composite U-PEO:AgNP a un bon effet antimicrobien sur Staphylococcus aureus, en particulier lorsque le ratio nanoparticules d’argent/matériau est de 1:1. Cependant, l’effet antimicrobien sur Escherichia coli et Candida albicans est plus faible, indiquant que des recherches futures devront optimiser la concentration de nanoparticules d’argent pour améliorer le spectre antimicrobien du matériau.

Points forts de l’étude

  1. Conception innovante de revêtements antimicrobiens : Cette étude est la première à combiner des nanoparticules d’argent avec un matériau hybride U-PEO, développant ainsi un revêtement pour dispositifs hospitaliers avec un potentiel antimicrobien, offrant une nouvelle solution pour prévenir les infections nosocomiales.
  2. Caractérisation physico-chimique complète : En utilisant diverses techniques telles que la FTIR, la XRD et la TG, les chercheurs ont caractérisé en détail la structure, la stabilité thermique et la mouillabilité du matériau, assurant ainsi sa fiabilité et son applicabilité.
  3. Évaluation de l’effet antimicrobien : Grâce aux tests de CMI, de diffusion sur gélose et d’inoculation directe, les chercheurs ont systématiquement évalué l’effet antimicrobien des nanoparticules d’argent et du composite, fournissant une base scientifique pour les applications futures.

Importance de l’étude

Cette étude offre de nouvelles perspectives et méthodes pour le développement de revêtements antimicrobiens pour dispositifs hospitaliers. En optimisant la concentration de nanoparticules d’argent et la formulation du matériau, il sera possible d’améliorer davantage l’effet antimicrobien du composite, permettant ainsi une application clinique plus large et réduisant l’incidence des infections nosocomiales. De plus, cette recherche fournit une référence précieuse pour la conception et le développement d’autres matériaux antimicrobiens.


Cet article démontre non seulement le potentiel des nanoparticules d’argent dans les matériaux antimicrobiens, mais il ouvre également des perspectives pour les recherches et applications futures. Grâce à des études et optimisations supplémentaires, ce matériau composite pourrait jouer un rôle important dans les dispositifs hospitaliers et d’autres applications médicales, offrant un environnement médical plus sûr pour les patients et le personnel soignant.